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 Témoignage Jean-Pierre Philippe

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Joss

Joss


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MessageSujet: Témoignage Jean-Pierre Philippe   Témoignage Jean-Pierre Philippe EmptyMar 18 Aoû - 13:23

Bonjour,

Voici un témoignage dans le Ouest France d'aujourd'hui .
Bonne lecture et à samedi!

http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Jean-Pierre-Philippe-ado-dans-le-Couloir-de-la-Mort-_40731-1038093------61006-add_actu.Htm


" Le 65e anniversaire du débarquement s'achèvera à Chambois le 22 août. Récit des combats vus par un enfant à l'époque.
« Je suis devenu adulte à 13 ans et demi en voyant un Allemand mort avec trois photos de ses enfants à la main. Ça me hante presque tous les jours ». Jean-Pierre Philippe était alors réfugié dans une ferme non loin de Chambois où la bataille venait de se terminer.

Avec sa famille, il habitait Caen qu'ils ont du quitter après le bombardement du 6 juin 1944, « à 13 h 25, tous les chiens se sont mis à hurler et notre chatte à disparu et puis les bombes sont tombées. Il y en a eu deux qui sont tombées juste des deux côtés de la maison ».

Evacué, Jean-Pierre Philippe va passer deux semaines dans les carrières de Fleury avant d'être évacué vers Chambois, qui est atteint en trois jours par des itinéraires détournés, et installé dans la ferme de M. Pottier non loin du hameau de Moissy.

Il va vivre là un mois de juillet et une première moitié d'août relativement paisible, « nous n'étions pas en vacances et avons participé aux travaux de la ferme, foins, coupe de bois. J'ai appris à traire les vaches ».

Fin juillet, néanmoins, « j'ai commencé à entendre au loin le début des canonnades » et à partir du début du mois d'août, « de plus en plus d'Allemands prenaient notre petit chemin, à pied, en véhicules et même avec des chars comme le Tigre ».

Il s'avère que la ferme, rejointe entre-temps par d'autres réfugiés, était sise juste contre le chemin qui sera rebaptisé plus tard le Couloir de la Mort.

Le 18 août, « j'ai vu des chars polonais arrêtés à 300 m de la ferme » et « la retraite des Allemands s'accélérait et des obus tombaient de plus en plus près de la ferme. Du plâtre tombait du plafond et les murs tremblaient ».

Pour lui et les autres habitants de la ferme, la première « nuit épouvantable commençait ». Trois autres et trois journées allaient suivre pendant lesquels le groupe est « resté sans bouger, sans sortir, sans manger et sans dormir. Il y avait un bruit extraordinaire, des explosions, des cris en allemand, on était complètement KO ».

Photos, lettres, chapelets

Au matin du 22, « il y avait un silence étonnant. Le petit chemin n'était plus qu'un charnier. Le plus atroce ce n'était pas le nombre incroyable de cadavres, mais des mains d'hommes crispées sur des photos, des chapelets, des lettres ».

Avec le temps qui passait, les cadavres ont grouillé d'asticots, « il y avait une puanteur pestilentielle et des mouches et des guêpes par milliers. Elles se nourrissaient dans les charognes et nous piquaient tout le temps ».

Ce n'est qu'en septembre que Jean-Pierre Philippe va pouvoir rentrer sur Caen, « on est repassé par Trun où on est sorti de la zone de la poche. J'ai retrouvé des paysages plus normaux et surtout, l'odeur des cadavres du Couloir de la Mort avait disparu » "


Dernière édition par trolljoss le Mar 18 Aoû - 20:26, édité 2 fois
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Tristan
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Tristan


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MessageSujet: Re: Témoignage Jean-Pierre Philippe   Témoignage Jean-Pierre Philippe EmptyMar 18 Aoû - 20:11

Très intéressantes ces témoignages : il y en a un chaque jour différent dans le ouest jusqu'à samedi si j'ai bien compris ?
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Tristan
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Tristan


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MessageSujet: Re: Témoignage Jean-Pierre Philippe   Témoignage Jean-Pierre Philippe EmptyJeu 20 Aoû - 1:25

Hier c'était monsieur Pierre Samin, de Vimoutiers :

http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_--Je-ne-me-considere-pas-comme-un-heros-_40731-1039180------61006-add_actu.Htm

Pierre Samin avait 22 ans à la Libération de Vimoutiers. Il s'était engagé dans le groupe de Résistants Le Dorze en 1943.

Faire sauter les ponts, couper les moyens de communication, était son quotidien. « Nous n'étions pas des maquisards mais des Résistants vivant comme si de rien n'était parmi les forces d'occupation. ».
Avant la constitution du groupe, dès 1940, le gendarme Pierre Annic fournissait des papiers civils aux soldats français, leur évitant ainsi d'être faits prisonniers. « C'est au soir du 8 juillet 1943, dans une salle de l'école Notre-Dame que le groupe Organisation civile et militaire (OCM) est formé avec une poignée d'hommes : l'instituteur, Joseph Le Dorze, chef du secteur Vimoutiers-Le Sap, le gendarme Pierre Annic, responsable du groupe action, le mécanicien, Pierre Samin, le boulanger, Joseph Rotrou, le bûcheron, Henri Busnel et plus tard, un ancien de l'armée d'armistice, Henri Mallet. De cinq, le groupe est passé à une quarantaine avec des patriotes désireux d'aider les alliés, de cacher les prisonniers évadés, les réfractaires au travail obligatoire. Et cela toujours au péril de leurs vies », se souvient Pierre Samin.

Le bombardement et la Libération

Le 14 juin 1944, dès 7 h 50, les premières bombes tombent sur la ville désertée. Le bombardement des alliés fera quand même plus de 200 morts. Vimoutiers venait de vivre les heures les plus tragiques de son Histoire.

La ville est détruite à 80 %. Le château de Vimer (à Guerquesalles) est transformé en hôpital. Pierre Annic a trouvé la mort lors du bombardement de la gendarmerie.

« Le 22 août, les Canadiens du régiment de Maisoin-Neuve lancent deux unités de reconnaissance pour faire jonction à Orbec. Le premier blindé canadien arrive à Camembert. Trois soldats S.S. se rendent. Ce sont les premiers prisonniers du régiment depuis le départ de Caen. Nous sommes regroupés au Pont-Percé, avec Busnel et Mellet, nous avons participé à la prise de 30 soldats allemands. Il n'y avait plus personne à Vimoutiers. La ville était détruite mais libérée. Nous avons continué vers Orbec ».

A 88 ans, Pierre Samin continue de tourner les pages. Non sans ajouter avec une grande pudeur. « Je ne me considère pas comme un héros. Il y en a eu tellement d'autres dont on n'a jamais parlé et qui n'ont pas hésité à faire leur devoir de patriote au moment où il le fallait ».
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Joss

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MessageSujet: Re: Témoignage Jean-Pierre Philippe   Témoignage Jean-Pierre Philippe EmptyJeu 20 Aoû - 14:06

On sort du contexte civile mais autant poursuivre ce thread avec le témoignage d'aujourd'hui poignant et particulier dont l'autre point de vue était, il me semble, raconté dans le livre paru à l'occasion du 5Oe anniversaire de la libération d'Argentan.

http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Lettre-d-un-soldat-allemand-au-cure-d-Argentan-_40731-1040313------61006-add_actu.Htm

"Dans une lettre adressée il y a 10 ans au presbytère d'Argentan, Alfred Küpper, soldat de la Wehrmacht, raconte comment, en août 1944, il a épargné la vie de Mgr Rattier.
Alfred Küpper a 21 ans en août 1944, lorsqu'il renonce à exécuter Mgr Louis Rattier, resté à Argentan malgré l'ordre d'évacuer, avec un groupe de personnes âgées venues trouver refuge dans sa maison en ruine. Cinquante ans plus tard, l'Allemand se souvient de cette rencontre, dans une lettre au curé d'Argentan : « Avec incertitude, je regardais ces personnes les unes après les autres. L'homme qui me parlait était un prêtre catholique. Quant aux vieilles femmes il s'agissait, si j'avais bien compris, de pensionnaires d'une maison de retraite. Une sanction sévère fut pour moi impensable. » Le jeune Alfred Küpper, au lieu d'appliquer la sentence voulue par le commandement allemand, enjoint le prêtre et ses protégées de se cacher en attendant la fin des combats. Puis s'agenouille pour recevoir sa bénédiction.

Quelques jours plus tard, c'est la fuite en direction de Trun pour échapper à l'encerclement, à travers la forêt de Gouffern. Sous la plume d'Alfred Küpper, l'angoisse et l'horreur du jeune soldat saisissent le lecteur : « Avec quelques camarades je me mis à l'abri sous l'affût du canon le plus proche. Je fus un des derniers à y trouver place et pour cette raison je ne pus me coucher qu'au bord extérieur. Un autre camarade arriva en courant et se serra contre moi. Le tir d'artillerie avait à peine cessé que nous nous efforcions de nous dégager. J'avais certaines difficultés car le camarade qui s'était efforcé de se glisser sous l'affût restait par terre, couvert de sang. Lorsqu'avec précaution j'essayais de me dégager, je vis avec frayeur qu'il était mort déchiqueté par des éclats d'obus et défiguré au point d'être méconnaissable. »

Un symbole de paix et de souvenir

Blessé au genou et au visage, il réussit à rejoindre Tournai sur Dives, où il est soigné dans un hôpital de fortune. Encore une fois, il se trouve là où l'Histoire s'est écrite, et décrit le courage du prêtre local, l'abbé Marcel Launay : « Il se tint au milieu d'un groupe d'officiers allemands auxquels il essayait de faire comprendre qu'il fallait mettre un terme à ces événements absurdes et hisser le drapeau blanc en signe de capitulation. Apparemment, ils ne parvinrent pas à s'entendre car je vis le prêtre partir excédé pour revenir avec un drap blanc à la main. Ce fut carrément lui qui, avec une habileté étonnante, grimpa en haut du clocher et accrocha le drapeau en dessous de la flèche où il commença aussitôt à flotter. » Avec émotion, le soldat se remémore les paroles réconfortantes de l'homme d'église, « en ce jour si amer pour nous autres Allemands ».

À la fois témoin et acteur de l'horreur comme de la compassion, Alfred Küpper est avant tout un miraculé. « Je pris conscience que j'avais été sous la protection du Tout-Puissant, écrit-il. Instinctivement, mes pensées retournèrent à Argentan, où j'avais reçu la bénédiction d'un prêtre français dans l'obscurité de l'entrée d'une maison, et les prières adressées pour moi par le groupe de femmes reconnaissantes envers le ciel car je les avais épargnées. »

Cette lettre, l'abbé Bordat d'Argentan la conserve comme un trésor. Il en a fait une première traduction, qu'il améliore avec l'aide d'un professeur d'allemand de l'Université de Strasbourg. Il prévoit d'en faire mettre une copie à l'église Saint-Germain, pour que chacun puisse lire le témoignage unique et poignant d'un soldat allemand symbole de paix et de souvenir."

De Claire GARIN
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Tristan
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MessageSujet: Re: Témoignage Jean-Pierre Philippe   Témoignage Jean-Pierre Philippe EmptyJeu 20 Aoû - 14:39

C'est fantastique comme témoignage !
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Tristan
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MessageSujet: Re: Témoignage Jean-Pierre Philippe   Témoignage Jean-Pierre Philippe EmptyVen 21 Aoû - 9:18

Témoignage moins local, mais tout aussi intéressant :

http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Ce-GI-tombe-amoureux-de-la-France-_40731-1041448------61006-add_actu.Htm

Ce GI « tombé amoureux de la France »


6 juin 1944. 6 h. En compagnie de la 4e division d'infanterie américaine, Hrothgar Gibbs débarque en Normandie, à Utah Beach. Le jeune homme de 19 ans découvre un pays qu'il a souvent imaginé à travers les films français. Mais dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, c'est avec d'autres préjugés qu'il arrive en France.
« Je pensais que les Français s'étaient fait battre trop vite par les Allemands. Et j'étais perturbé par le fait que les Français de mon âge ne nous suivaient pas pour combattre. Mais j'ai vite compris qu'ils n'avaient plus la santé et la force pour combattre. Je voyais beaucoup de Français maigres, avec des vêtements misérables. Après la défaite contre l'Allemagne, la vie en France n'était pas facile. »

Ce GI américain participe à la libération de Cherbourg, Saint-Lô, Mortain, puis Falaise, avant de rejoindre Paris. Avec le souvenir d'avoir attendu aux portes de la capitale.

« Nous avons dû attendre trois jours pour que De Gaulle entre en premier dans la capitale... Juste pour la gloire, ce qui est pour moi une conception très française. »

Hrothgar Gibbs garde un souvenir « horrible » de la guerre. Marqué, il n'évoque plus depuis longtemps les combats vécus, et n'a gardé aucune photo de l'époque. « Je ne supporte plus de me voir en uniforme. »

À la fin de la guerre, les soldats américains sont consignés en France pour quelques mois. Hrothgar Gibbs en profite pour découvrir le pays et pratiquer ses passions : le surf, dans le sud-ouest, et le vélo, dans l'Orne. « C'est comme ça que j'ai découvert Bagnoles-de-l'Orne. »

En 1946, il retourne aux États-Unis pour devenir professeur de philosophie à Los Angeles. Puis il revient trois fois en France, avant de s'y installer, avec sa femme, américaine, en 1985. « Je suis tombé amoureux de la France, surtout de la Normandie. J'aime la verdure, l'humidité, la culture et cette façon de vivre à la française, de prendre son temps. »

Pourtant, à 84 ans, s'il a parcouru l'ensemble du pays, Hrothgar Gibbs évite les plages du débarquement.

« Je suis passé deux fois à Utah Beach, j'ai vu les chars qui y ont été installés. C'est une exhibition qui n'est pas à mon goût, je trouve ça vulgaire, futile. »

PAR Arthur Cesbron
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