Bonjour,
voici 2 témoignages que j'ai trouvé sur HistoQuiz forum. Ils ont été receuillis par un FTP Breton : Roger Lenevette. Je le remercie de permettre la mise en ligne de ces 2 témoignages .
**
Une ville a la campagne
André Jidouard avait 17 ans. Il était l’un des quelques 6 000 habitants que comptait Argentan le 6 juin 1944, lorsque le bombardement a commencé.
« Le premier, le matin, autour de la gare, a fait quatre victimes. Le deuxième, vers 14 h, a détruit le pavillon Laënnec de l’hôpital, tuant les malades ainsi que d’autres civils. Les habitants de la ville ont décidé de fuir, d’autant que des tracts annonçant de nouveaux bombardements, avaient été envoyés par les Alliés. Seules quelques personnes ne demeurant pas prés de la ligne de chemin de fer sont restées. Les familles se sont dispersées dans les villages des alentours.
« Dans une petite ville, tout le monde se connaît. Qui n’avait pas d’amis à la campagne ? ». La vie a continué. « Il y avait des pommes de terre, du blé. Les boulangers ont repris leur métier. Chacun avait une place dans une étable ou un coin de bâtiment. Les cultivateurs ont bien abattu des bêtes, élevé des poules et des lapins. Les Argentanais, eux, donnaient un coup de main aux moissons . Les bombes pendant ce temps là ont continué à tomber sur la ville.
« Les Argentanais y revenaient parfois, chercher des objets dans leurs maisons ou des légumes dans les jardins : Du moins ceux qui n’avaient pas tout perdu . La migration a duré jusqu’en septembre. On a enterré cent cinquante morts. Les cheminots ont été les premiers à revenir dans la ville détruite à 87 % . « Ils ont réparé ce qui était réparable, et les premiers baraquements ont été construits.
« Il faut dire que les maison et les monuments qui n’avaient pas trop subi de dommages au cours des bombardements ont été dévastés par les tirs d’artillerie. Mais les gens ont fait avec. Quand nous sommes revenus, nous en avons vu qui privés de bureaux, avaient repris leur travail dehors ».
**
La Souricière
En 1944, Raymond Marais, avait 21 ans. Il était réfractaire et se cachait. Il est retourné à Chambois chez ses parents au moment où la poche se fermait.
« Nous étions prisonniers comme des souris. Mes parents se croyaient à l’abri à l’écart de la route Falaise-L’Aigle. C’est seulement aux alentours du 15 août que les agriculteurs se sont rendus compte que quelque chose de terrible allait leur arriver. « Les Allemands étaient très inquiets et l’artillerie mitraillait de façon intense » .
« Les civils ont alors cherché des abris. « Je me suis trouvé dans une cave du 15 au 20 août. J’avais tellement peur que je ne me souviens pas d’avoir éprouvé quelque besoin que ce soit. Nous n’avons pas mangé et à la limite, la mort aurait presque été une libération » .
« Les souvenirs affluent : La grand-mère assise sur sa chaise, dans la cave, l’allemand touché par un obus qui s’effondre dans les bras du jeune homme au moment d’arriver… Mais aussi le départ en catastrophe de la cave, parce que un « Kamikase » allemand a fait sauter son char dans un geste de désespoir et que toute la ferme risquait de prendre feu.
« C’était un spectacle d’apocalypse. Les branches des pommiers et les bêtes crevées s’entremêlaient, les chars étaient figés ça et là. Et les cadavres restaient là où ils étaient tombés .
« Après un passage à gué sur la Dives, la famille de Raymond a suivi un passage parallèle au « couloir de la mort ». C’est alors qu’ils ont vu un uniforme derrière un arbre : « Le bras qui nous faisait signe de continuer était Kaki. C’était celui d’un soldat allié venu en avant-garde : Nous étions libéré ».